La maturation de l’amour
Samedi 19 Décembre 2020, s’est tenue la dernière session de l’année 2020 de la Récollection des fiancés à la Maison Don Bosco montée SNI. Était en discussion, le thème de la « maturation de l’amour : le foyer à l'épreuve du temps » autour d’un cas pratique intitulé : « Je pensais qu'Alain m'offrirait le Ciel ». C’est un sujet intéressant qui nous a permis de revisiter les principaux thèmes de notre programme de formation : la vie professionnelle et la vie familiale, la communication dans le couple, les enfants, la sexualité, les belles-familles, la foi. Nous retenons les points suivants issus de nos échanges.
1. Concilier la vie professionnelle et la vie familiale.
Le travail professionnel est indispensable car il est une condition de l’épanouissement de l’individu (autant l’homme que la femme), et il est aussi une source des moyens de subsistance de la famille (ration alimentaire, santé, scolarité, etc.). Cependant, les conjoints devraient faire attention à ne pas se surinvestir dans la vie professionnelle au détriment du foyer. Ils doivent se rappeler qu’on paye toujours un lourd tribut lorsqu’on a sacrifié sa vie familiale au profit du travail. Sans chercher à opposer le travail à la vie professionnelle, l’on pourrait cependant dire que « le travail passe mais la famille reste ». L’homme est ici interpellé en particulier. La retraite venue, certains hommes qui ont négligé le volet affectif de leur vie familiale (pensant que la seule chose essentielle est la prise en charge matérielle de la famille), cherchent souvent à se rattraper, car ils constatent que les enfants déjà adultes marquent une certaine distance affective envers eux. La tentation est alors d'accuser leurs épouses de "s'accaparer des enfants".
2. Les étapes de la vie conjugale
Nous avons insisté sur le fait que la vie de couple a des phases qu’il faudrait intégrer dès les fiançailles. Nous les présentons ici de manière sommaire, mais pour approfondir cet enseignement particulière important pour les couple, lire : « La pratique de l’écoute conjugale » publiée par l’École des fiancés aux Éditions Mengue (2020) et François Ossama, « Comment parvenir à un mariage heureux», Mengue, 2016.
2.1. La fusion des fiançailles et des premiers mois de la vie conjugale. C’est une étape au cours de laquelle on idéalise l’autre (c’est « le prince ou la princesse charmante qu’on attendait). Le « moi » semble se perdre. Il y a comme une dépendance l’un vis-à-vis de l’autre. « Je ne peux pas vivre sans toi », entend-on souvent.
2.2. La différenciation au cours de laquelle on découvre que le conjoint n’est pas parfait. Nos défauts surgissent, on constate parfois avec beaucoup de colère qu’on est différent. Le risque de redéploiement affectif pour l’homme vers son travail s’accroît pendant que la femme s’investit un peu plus sur les enfants.
2.3. L’exploration au cours de laquelle on cherche à prendre une distance avec la vie familiale pour se redéployer dans des projets personnels (études, travail) et la vie sociale. Cette distance peut conduire à l’infidélité.
2.4. Les liens durables qui ont deux chemins possibles. Soit nous avons bien vécu les trois premières phases et nous arrivons à une vie de couple belle et heureuse, soit nous les avons mal vécus et nous arrivons à l’affrontement durable. Désir de vengeance, rancune, aigreur… font surface. Pour donc tenir dans la durée, les vertus du foyer suivantes sont indispensables : le respect mutuel (dans le langage par exemple), la valorisation constante plutôt que le dénigrement, l’écoute mutuelle condition d’une bonne communication entre les conjoints, l’attention qui se manifeste en actes, par le langage de l’amour que chacun comprend (cadeaux, paroles valorisantes, services rendus, etc.).
3. En deuxième partie, nous avons eu un enseignement sur le droit matrimonial.
Le mariage est une institution sociale qui a pour fonctions (1) l’établissement de la filiation (d’où la « présomption de paternité » et le « délai de viduité » de 180 jours, (2) la protection des conjoints et des enfants, (3) l’ordre social (d’où la publication des bans et le caractère public impératif de la célébration du mariage). Le mariage en tant qu’institution sociale n’est pas à la disposition des époux, même si à l’origine c’était une rencontre amoureuse privée entre les deux. Le mariage est organisé par le droit qui (1) définit le mariage (2) fixe les conditions de fond et de forme et (3) organise la communauté de vie (droits et devoirs des conjoints, gestion des biens).
Le mariage au Cameroun est un engagement (contrat) qui ouvre à l’établissement d’une communauté de vie stable (ne pouvant être dissoute que par la mort où par le divorce prononcé par un juge). Il a des conditions préalables de fond telles que l’âge (16 ans pour la femme et 18 ans révolus sauf dispense du PR) ; absence d’empêchements dirimants (consanguinité, bigamie) ; et les conditions de forme telles que la publication de banc 1 mois avant le mariage (obligatoire sauf dispense du Procureur). En ce qui concerne les droits et devoirs, le mariage oblige à une communauté de vie (communauté de toit, de table et de lit). L’homme est le chef de famille (implique le choix de la résidence), rôle qu’il doit cependant exercer dans l’intérêt de la famille. Il concourt à titre principal aux charges la famille. En ce qui concerne la gestion des biens, elle dépend du régime choisit par les époux eux-mêmes lors de la célébration (contrat/communauté des biens/biens séparés).
4. Nous avons vu en conclusion que l’amour se construit. Il est différent du sentiment amoureux qui ne repose que sur l’attrait des qualités de l’autre (intellectuelles, physiques,…). L’amour conjugal arrive à maturité quand on devient capable d’accueillir le conjoint avec ses qualités, mais aussi avec ses défauts et ce qui nous différencie. Cette évolution repose sur l’engagement et la volonté. Malgré les épreuves, les incompréhensions et la durée ou le temps qui passe, la volonté de vivre ensemble doit demeurer intact. Aimer, c’est persévérer dans la volonté de faire du bien, de se donner, car c’est ainsi que Dieu lui-même nous aime.